L'intestin et sa flore sont considérés comme notre deuxième cerveau. L'importance de cet organe ne fait pas exception chez le cheval, bien au contraire. Au sein du gros intestin, siège la digestion des fibres, principale source d'énergie des équidés. Mais l'intestin ne se cantone pas à ce seul rôle de "digesteur". Son microbiote est également reconnu pour son rôle primordial sur le métabolisme général, le système immunitaire ou certaines fonctions neurologiques. Les derniers travaux de recherche montrent que ce microbiote va s'implanter très tôt chez le poulain et que sa composition pourra déjà orienter la santé et le métabolisme du cheval adulte en devenir. Quelle rôle l'alimentation de la mère et du poulain joue-t-elle dans ce processus ? À découvrir dans cet article.
C’est sans doute grâce au livre à succès de Giulia Enders, « Le Charme Discret de L’intestin", faisant l'éloge avec humour et clarté de l’intestin et son microbiote, que l’on doit l’engouement qui a suivi sur les propriétés de flore intestinale auprès du grand public.
Chez l’homme, on parle de "deuxième cerveau" tant il influence de nombreuses fonctions de notre organisme. Notre microbiote jouerait un rôle dans des affections telles que la dépression, la maladie de Parkinson, l’autisme, certains problèmes cutanés ou encore les problèmes de surpoids. En comprenant mieux son fonctionnement, c'est tout un pan de nouvelles alternatives aux traitements et à la prévention de ces maladies qui a ainsi vu le jour.
Pourtant, en nutrition équine cela fait bien longtemps que les chercheurs s'attachent à définir et comprendre le microbiote intestinal et lui reconnaissent d’autres fonctions et potentiels que ceux ayant attrait à la digestion des aliments. Chez les équidés, le microbiote gastro-intestinal joue certes un rôle dans les fonctions digestives mais également métaboliques, immunitaires ou encore neurologiques.
Chez les mammifères, la mise en place du microbiote chez le nouveau-né est une étape cruciale qui déterminera en quelque sorte la santé et les performances digestives du poulain et de l’adulte en devenir.
Cette information est loin d'être négligeable quand on sait que dans les six premiers mois de vie, 60 % des poulains présentent des diarrhées dues à des déséquilibres de la flore intestinale. Tout comme chez l’homme, favoriser une bonne implantation des micro-organismes dans le tractus intestinal dès les premières heures de vie favoriserait le maintien de la santé chez le poulain.
Les données qui vont suivre ont été présentées par le Pr Véronique Julliand, lors du congrès de Nutrition Equine organisé en novembre 2018 par la société Lab To Field, spécialisée dans la recherche en nutrition équine. Ces données rendent compte des travaux de recherche réalisés sur la mise en place du microbiote dans le tube digestif du poulain et des facteurs alimentaires qui peuvent l’influencer.
Au fait, qu'est-ce que le microbiote gastro-intestinal ?
Il s'agit de tous les micro-organismes qui peuplent le tractus gastro-intestinal, c'est à dire de la bouche au gros jusqu'au gros intestin en passant par l'estomac. Chaque organe et chaque zone du tractus présente une population microbienne adaptée aux conditions environnementales (humidité, température, pH, présence ou non d'oxygène) et à ses fonctions (dégradation et assimilation de l'amidon, dégradation et assimilation des fibres ...). Ce microbiote est constitué de bactéries, de protozoaires, de champignons, et bien d'autres formes de micro-organismes. C'est au niveau du gros intestin que l'activité microbienne est la plus importante, presque exclusive et donc que le nombre de micro-organismes y est le plus important. Ils interagissent tous entre eux et avec leur environnement, faisant du gros intestin un écosystème complexe, mais également fragile, sujet à des déséquilibres en cas de variation de sa population (virus, bactéries pathogènes) ou de son environnement (variation de pH). Des milliers d'espèces différentes ont déjà été identifiées, cependant, d'après une récente étude menée par les équipes de recherche de Dijon, 98 % des espèces bactériennes sont encore inconnues. C'est dire l'importance de leur population et les découvertes restant à faire sur leurs fonctions et rôles dans la digestion et sans doute, dans bien d'autres fonctions physiologiques.
Impact de l'alimentation sur le développement du microbiote intestinal
D'après Véronique Julliand, la mise en place du microbiote du cheval est programmée dès le plus jeune âge du poulain et va impacter à vie la santé de l'individu.
Il faut retenir que les deux périodes les plus importantes dans le processus d'implantation de la microflore intestinale sont les deux premiers jours de vie (implantation des bactéries pionnières) et le premier mois de vie (implantation de la flore fibrolytique). L'alimentation du poulain et celle de la mère auraient un impact significatif dans la mise en place de la flore à ces deux périodes clés. Ces deux facteurs sont un levier d’action pour optimiser et accélérer la mise en place de l'activité fibrolytique chez le poulain, levier d'autant plus intéressant dans le cas de poulains orphelins ou dont la mère est faible laitière car il leur permettra plus rapidement de valoriser une alimentation solide et donc de procéder à un sevrage précoce.
- Au stade gestation, il serait possible d'influencer la résistance du microbiote chez le poulain via l'ajout de fibres solubles (pulpes de betterave, coques de soja ...) dans l'alimentation de la mère (hypothèse posée à partir d'études chez le porc). Cette action préviendrait notamment l'apparition de diarrhées chez le poulain.
- Au stade lactation, une étude a démontré qu'une supplémentation en produits fermentés dans l'alimentation de la mère favorisait une colonisation plus précoce des bactéries utilisatrices de lactate (digestion du lait). L'alimentation de la mère impacte indirectement l'implantation de la flore du poulain et par conséquence sa santé via la composition du lait.
- Concernant l'alimentation du poulain et d'après une étude de 1996, l'implantation des bactéries cellulolytiques (permettant la dégradation des fibres) était retardée chez les poulains ayant reçu un colostrum artificiel par rapport à ceux ayant reçu du colostrum maternel. Cependant l'administration précoce et répétée d'un colostrum artificiel pourrait avoir un impact sur la mise en place des communautés bactériennes dans le gros intestin du poulain. Dans le cas de poulains orphelins, il faut donc privilégier l’administration d’un colostrum maternel (congelé ou banque de colostrum) et quand cela n’est pas possible, le colostrum artificiel doit être administré le plus tôt possible et de façon répétée.
Les conseils d'Edhya en terme d'accompagnement nutritionnel du poulain
- Lors de la phase de gestation, privilégier une alimentation équilibrée, riche en fibres et plus spécifiquement en fibres solubles avec l'incorporation d'aliments contenant par exemple de la pulpe de betterave ou des coques de soja. La supplémentation de la mère avec un produit fermenté tel que l'Edhya FORM dès la phase de gestation, plus particulièrement les derniers mois de gestation, est un plus puisqu'il a été démontré qu'une partie du microbiote du futur poulain s'implantait au stade foetus grâce à un transfert via le cordon ombilical et la glande mammaire de la jument. L'utilisation d'un aliment élevage n'est nécessaire qu'à partir du 8ème ou 9ème mois de gestation. Un aliment classique pour chevaux adultes est suffisant pour couvrir les besoins lors des premiers mois de gestation ou sur la période allant de la fin de la lactation jusqu'au 9ème mois pour les poulinières suitées l'année d'avant (voir notre article sur l'utilisation des produits élevage).
- Concernant les poulinières en lactation, nous recommandons l'utilisation d'un aliment de la gamme élevage lors les derniers mois de la gestation jusqu'en fin de lactation. Les quantités seront à monter progressivement pour atteindre un pic au 2ème mois de lactation. Il est important de retenir que lors des 3 premiers mois de lactation les besoins de la jument en énergie, protéines et minéraux vont jusqu'à doubler. Il est donc nécessaire d'adapter la ration et la complémentation minérale en conséquence en fonction des valeurs nutritionnelles de l'aliment distribué et de la quantité et qualité de fourrages disponibles.
- L'alimentation du poulain : comme indiqué plus haut, le lait maternel constitue la première source d'énergie du poulain lors des premières semaines de vie. La qualité du lait est en partie conditionnée par l'alimentation de la mère. Il est donc important de privilégier une alimentation équilibrée et adaptée selon les critères exposés plus haut. La seconde source d'énergie sera puisée au sein de fourrages (pâture, foin). Il est important de réserver les foins les plus sains et les plus équilibrés au poulain et à sa mère et un accès au pâturage le plus tôt et si possible en continu. L'apport de produits fermentés pour soutenir le développement du microbiote est également possible avec une supplémentation en FLOR'EDHYA (Cf Kit Poulain). Selon les objectifs de croissance, une complémentation du poulain sera également possible avec un aliment premier âge et un programme adapté (Cf programme alimentaire poulain).
Article inspiré de la présentation du Pr Véronique Julliand lors du Congrès Lab To Field 2018.
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